Comme disait notre regretté professeur de Mathématiques de
l'ENSPS, Jacques Harthong, lors d'une réunion avec des étudiants : "Vous n'allez pas
réinventer la Philosophie, les Grecs l'ont déjà fait il y a plus de 2000 ans !". C'est dans cet esprit que sont
présentés ici quelques thèmes classiques. Je me suis servi pour ces exposés du livre
"Pratique de la Philosophie de A à Z". Pour répondre à la question "Pourquoi enseigner la Philosophie ?", je
reprends la préface de Georges Pascal de l'encyclopédie
Bordas "Philosophie/Religions" écrite par Roger Caratini :
" Il arrive souvent que l'on s'interroge sur l'intérêt de la philosophie. On
demande alors "Pourquoi des philosophes ?", avec l'idée que la spéculation
philosophique est vaine et que, par suite, l'enseignement philosophique est
inutile. Aujourd'hui surtout, on oppose volontiers la science à la philosophie,
en insistant sur la précision, sur l'exactitude, sur la rigueur et sur la
fécondité des connaissances scientifiques. Ce sont les savants, dit-on, et non
les philosophes qui ont transformé le monde et qui ont permis cette conquête de
la nature par l'homme sans laquelle il n'y aurait pas de vie proprement humaine.
Et l'on en conclut qu'il faut former des savants plutôt que des
philosophes et que l'enseignement doit être tourné vers les sciences plutôt que
vers la philosophie.
C'est oublier d'abord que la science est née de la philosophie. La métaphysique
même d'un Descartes n'est pas étrangère au développement des sciences physiques,
par cette distinction radicale qu'elle établissait entre l'âme et le corps,
rendant ainsi possible une étude des corps. Mais c'est oublier aussi
que la science n'est jamais une fin en elle-même et que si les connaissances
positives ne sont pas inutiles à la conduite de la vie, c'est néanmoins en
fonction d'une certaine philosophie que l'homme conduit son existence. C'est
oublier, enfin, que la science répond essentiellement aux questions que l'homme
se pose concernant la nature des choses ou plus exactement les lois des
phénomènes, mais que ces questions, si importantes soient-elles, ne sont pas
cependant essentielles pour l'homme. Nos semblables nous posent toujours plus de
problèmes que les choses et chacun se pose à soi-même un certain nombre de
questions que la science est condamnée à laisser sans réponse.
En disant que la philosophie est une réflexion sur la condition de l'homme et
sur sa destinée, on met sans doute l'accent sur ce qui importe le plus. C'est en
ce sens que nul ne vit sans une philosophie plus ou moins explicite. Dans la
moindre de nos actions se trouve engagée une certaine idée que nous nous faisons
de la vie humaine et cette idée est proprement philosophique. Aussi l'intérêt
véritable de l'étude des problèmes ou des doctrines philosophiques est-il
toujours de permettre à l'homme de prendre conscience plus clairement de sa
propre philosophie. La diversité des systèmes ne doit donc pas servir d'argument
contre l'utilité de la philosophie. Platon ou Aristote, Descartes ou Spinoza,
Kant ou Hegel peuvent m'aider également à définir mon attitude personnelle en
face des problèmes que pose la vie. Que je sois disciple ou que je m'exerce à
réfuter, c'est toujours sur la condition et la vocation humaines que je
réfléchis en étudiant un philosophe. Qui oserait dire que cette réflexion est
inutile et sans intérêt ?
On comprend, dans cette perspective, que la philosophie ne peut se désintéresser
ni des sciences humaines, ni des religions. Les données que nous
apportent la psychologie et la sociologie modernes ne sauraient être
indifférentes à qui veut savoir ce qu'est la nature humaine. Mais les religions,
de leur côté, sont aussi des faits de l'homme et témoignent de son besoin
fondamental de se situer dans l'univers. Hegel disait que la philosophie est une
réflexion sur la religion. Elle est peut-être encore autre chose, sans doute,
mais le lien de la philosophie et de la religion est assez évident pour qu'un
même ouvrage réunisse, sans apparence d'artifice, l'étude des problèmes et des
sytèmes philosophiques et l'étude des grandes conceptions théologiques. Tel
qu'il se présente, le beau travail de Roger Caratini est donc précieux pour qui
s'intéresse à l'homme, à ses passions et à ses pensées, à ses devoirs et à ses
aspirations, à ses faiblesses et à ses exigences, à sa misère et à sa grandeur,
à sa réalité et à ses rêves. Et quel homme pourrait dire qu'il se désintéresse
de l'homme ? "
Voici les différents
thèmes et philosophes abordés:
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