Ce travail a été réalisé sous la direction de
Jacques Harthong. L'expansion de l'Univers influence la trajectoire des rayons lumineux appelée aussi
géodésique.
La relativité restreinte permet d'étudier leurs comportement dans un référentiel
galiléen, mais cette approche ne suffit pas dans le cas d'une expansion telle qu'elle est
décrite dans les modèles du Big-Bang. Il faut donc utiliser les résultats issus de
la relativité générale. Nous nous intéressons ici à la détermination
de la trajectoire des rayons lumineux dans la métrique de Friedmann-Lemaître-Robertson-Walker (FLRW).
Cette métrique s'écrit :
avec $k$ le paramètre de courbure. On parlera alors d'espace de type sphérique
($k=1$), plat ($k=0$) ou hyperbolique ($k=-1$).
La figure suivante nous permet de voir le résultat recherché, c'est-à-dire le calcul de la géodésique lumineuse émise à l'instant présent $t_{0}$ par la galaxie de gauche et reçue par
la nôtre à l'instant $t_{0}$.
On modélise ici les géodésiques dans un espace plat ($k=0$) avec une constante cosmologique nulle ($\Lambda=0$). Dans ce cas, le facteur d'échelle a une forme analytique (avec $H_{0}$ la constante de Hubble au moment présent, c'est-à-dire à $t=t_{0}$) :
Nous pouvons établir le système différentiel régissant
le comportement des rayons lumineux. Celui-ci sera résolu numériquement
par la méthode de Runge-Kutta. En calcul tensoriel, l'équation vérifiée
par les géodésiques est la suivante (avec la convention de sommation d'Einstein) :
La variable "$s$" est un paramètre affine (comme l'abscisse curviligne), à ne pas confondre avec
l'intervalle d'espace-temps défini au début. Puisque la matrice du tenseur métrique est diagonale ($g_{ij}=0$ si $i\neq j$), les
symboles de Christoffel de seconde espèce sont :
Afin de s'affranchir de la valeur de $R_{0}$, nous prenons dans ce système différentiel la variable
réduite $r'=R_{0}r$, ce qui nous donne le nouveau système :
Une fois la résolution numérique effectuée, nous multiplierons la variable $r_{i}=r'_{i}/R_{0}$ par le facteur d'échelle $R(t_{i})$ afin d'obtenir la distance physique $D_{\varphi}$ du rayon lumineux par rapport à notre galaxie. La valeur de cette distance au temps $t=t_{i}$ est égale à :
\begin{equation}
D_{\varphi,i}=D_{\varphi}(t=t_{i})=R(t_{i})r_{i}=r'_{i}\,\bigg[\frac{3\,H_{0}}{2c}\,ct_{i}\bigg]^{2/3}
\label{eq8}
\end{equation}
Nous pouvons maintenant résoudre numériquement ce système grâce
à la méthode de Runge-Kutta à l'ordre 4 avec pas adaptatif. Le projet initial
développé durant ma premiére annèe de l'ENSPS a été codé en langage C. Nous nous
servirons plus tard des solveurs "ode" de Matlab pour faciliter l'implémentation
de cette modélisation.
La variable sphérique "$r'$" étant par définition positive, nous nous assurons de mettre la valeur absolue à chacune de
ses utilisations dans l'algorithme. Une fois
le code compilé (avec "gcc -lm main.c"), nous passons à l'exécution.
Le programme requiert un paramètre qui est la distance de laquelle part le rayon lumineux par rapport
à notre référentiel qu'est notre galaxie.
Concernant les conditions initiales dans l'algorithme
de Runge-Kutta, nous nous apercevons que les dérivées initiales sont liées entre elles par la métrique de FLRW définie en \eqref{eq1}. On peut ainsi écrire :
avec wp=(d(ct)/ds)0, xp=(dr/ds)0, yp=(dθ/ds)0, zp=(dφ/ds)0
et w=ct0, x=r0, y=θ0, z=φ0.
On prend pour l'instant le cas simple où xp=-1 (ceci implique dr<0 quand ds>0), yp=0 et zp=0. A noter que wp ((d(ct)/ds)0) sera choisi positif, ce qui signifie que d(ct)>0 quand ds croît.
Nous verrons plus loin le cas où yp≠0. Pour ce qui est de t0, r0, θ0, et φ0, nous
choisissons : t0=2/(3H0), r0=3000, θ0=pi/2, φ0=pi/2.
Les graphiques suivants ont été produits avec une distance initiale de 3000 Mégaparsecs (1 parsec=3.262 années-lumière=3.1013km), soit environ 9.8 Milliard d'années-lumière.
Une fois l'exécution terminée, nous produisons le graphique geodesics_r.ps ("gnuplot geodesics.gp").
En abscisse est représenté le temps exprimé en Mégaparsec (attention à
faire la conversion en années) et en ordonnée la distance toujours en Mégaparsec.
La ligne continue est la trajectoire de la galaxie qui s'éloigne de la nôtre (suivant la loi de Hubble) et
en pointillé la trajectoire du rayon lumineux arrivant vers nous.
Les résultats obtenus prédémment en langage C sont validés par le programme Matlab.
Le solveur utilisé "ode45" est similaire à l'algorithme de Runge-Kutta avec
pas adaptatif.
Figure 7 : Trajectoire du rayon lumineux pour (dr/ds)0=-1,(dθ/ds)0=0,(dφ/ds)0=0
Dans le cas particulier où nous choisissons (dθ/dt)=(dφ/dt)=0, de sorte que les rayons lumineux qui nous intéressent suivent des trajectoires
radiales, nous n'avons pas à manipuler des intervalles angulaires et cette approche
ne considérera que deux variables: $r$ et $t$. Puisque pour des géodésiques, $\text{d}s=0$, on peut écrire :
nous avons désormais la solution analytique $D_{\varphi}(t)$ que nous traçons, en prenant $D_{\text{comobile}}=3000\,\text{Mpc}$ :
Figure 8 : Trajectoire du rayon lumineux pour (dθ/dt)=0,(dφ/dt)=0
Cette trajectoire est identique à la solution numérique obtenue sur
la Figure 2. Ici se trouve donc la solution particulière du problème global explicité depuis le
début.
Nous avons ainsi pu étudier la propagation de la lumière dans un
espace évoluant avec le temps. Il faut noter que la courbe obtenue pour la gédésique uniquement radiale est dans notre cas de nature concave alors que l'on s'attend, dans le modèle de concordance actuel (ΛCDM), à une courbe convexe (comme ceci est illustré sur la Figure 1) étant donné l'accélération de l'expansion actuellement observée. Dans ce modèle standard, il n'y a pas de formule analytique pour le facteur d'échelle $R(t)$, il faudra donc recourir à d'autres méthodes numériques adaptées à ce problème. Enfin, la mise en évidence du comportement non linéaire des rayons remet en question notre perception euclidienne des phénomèmes physiques à une échelle plus modeste que les distances que nous considérons dans cette étude.
ps : contribuez comme moi au projet Cosmology@Home dont le but est d'affiner le modèle décrivant le mieux notre Univers.