Sous-sections
Les tenseurs vont suivre la règle classique d'addition des vecteurs. Si l'on se donne
deux tenseurs
et
, l'addition leur fait
correspondre un autre tenseur
dont les composantes contravariantes sont la somme
des composantes contravariantes des tenseurs
et
, soit :
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(3.110) |
Pour s'additionner, les tenseurs doivent évidemment être rapportés à une même
base. La somme des composantes covariantes de deux tenseurs donne les composantes
covariantes de leur somme. Il en est de même pour les composantes mixtes relatives à
une même base.
Les espaces produits tensoriels étant également des espaces vectoriels, ils peuvent
être utilisés pour former d'autres espaces produits tensoriels.
Soit, par exemple, un tenseur
appartenant à un espace
et un autre
, élément d'un autre espace
. La multiplication tensorielle va
leur faire correspondre un tenseur d'ordre cinq. Soient et leurs
composantes respectives ; le produit tensoriel
aura pour
composantes :
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(3.111) |
Le produit tensoriel
est un tenseur de l'espace produit tensoriel
. Si l'on considère que les grandeurs
scalaires sont des tenseurs d'ordre zéro, la multiplication d'un tenseur par un
scalaire apparaît alors comme un cas particulier de la multiplication tensorielle.
En dehors des opérations d'addition et de multiplication tensorielle, il
existe une opération qui permet, à partir d'un tenseur donné, d'en obtenir
d'autres : c'est l'opération de contraction des indices.
Exemple : produit scalaire - Considérons le produit tensoriel de deux
vecteurs
et
de composantes respectives contravariantes et
covariantes . Les composantes mixtes du produit tensoriel
de ces deux
vecteurs sont :
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(3.112) |
Effectuons l'addition des différentes composantes du tenseur
telles que ,
soit :
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(3.113) |
On obtient l'expression du produit scalaire des vecteurs
et
; la
quantité est un scalaire ou tenseur d'ordre zéro. Une telle addition des indices
de variance différente constitue, par définition, l'opération de contraction
des indices du tenseur
. Cette opération a permis de passer d'un tenseur
d'ordre deux à un tenseur d'ordre zéro ; le tenseur
a été amputé d'une
covariance et d'une contravariance.
Exemple : tenseur d'ordre trois - Prenons l'exemple d'un tenseur
dont les composantes mixtes sont
. Considérons certaines de ses
composantes telles que , à savoir les quantités
et effectuons
l'addition de ces dernières ; on obtient :
 |
(3.114) |
Ces nouvelles quantités forment les composantes d'un tenseur
d'ordre un
(vecteur) ainsi qu'on va le vérifier. Les quantités constituent des
composantes contractées du tenseur
.
Vérifions que les quantités satisfont bien aux formules de changement de
base des vecteurs. Pour cela, supposons que les composantes
du tenseur
aient été définies sur une base
et choisissons une autre base
telle que :
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(3.115) |
Dans la base
, le tenseur
a comme nouvelles composantes contractées
:
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(3.116) |
où les nouvelles composantes
ont pour expression :
.
On obtient alors pour expression des composantes contractées données par la relation
(3.114) :
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(3.117) |
Avec la relation suivante :
, l'expression
(3.117) devient :
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(3.118) |
On obtient la formule de transformation des composantes d'un tenseur d'ordre un. On dit
que le tenseur
est le tenseur contracté, en et , du tenseur
.
La contraction des composantes mixtes d'un tenseur ampute simultanément ces
composantes d'une covariance et d'une contravariance. Dans l'exemple précédent, on
est ainsi passé d'un tenseur d'ordre trois à un tenseur d'ordre un.
Tenseur d'ordre quelconque - L'opération de contraction consiste
donc, après avoir choisi deux indices, l'un covariant, l'autre contravariant, à les
égaler et à sommer par rapport à cet indice deux fois répété.
Si l'on part de l'expression des composantes contravariantes ou covariantes d'un
tenseur, on peut abaisser ou élever l'un des indices par multiplication par
ou et sommation, afin d'obtenir des composantes mixtes sur lesquelles on
effectue l'opération de contraction.
Considérons un tenseur euclidien
de composantes contravariantes
. Écrivons les composantes mixtes de
en
abaissant à la position covariante l'indice par exemple, soit :
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(3.119) |
Choisissons par exemple l'indice et effectuons la contraction avec l'indice
, posons
; il vient :
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(3.120) |
On obtient un tenseur d'ordre . Par suite de la symétrie des quantités
, ce tenseur est identique à celui que l'on obtient en abaissant à la
position covariante l'indice puis en effectuant la contraction avec l'indice
, soit :
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(3.121) |
De manière générale, la contraction d'un tenseur permet de former un tenseur
d'ordre à partir d'un tenseur d'ordre . On peut naturellement répéter
l'opération de contraction. Ainsi, un tenseur d'ordre pair, , deviendra un
scalaire après contractions et un tenseur d'ordre impair, , deviendra un
vecteur.
L'utilisation successive de la multiplication tensorielle puis de la
contraction d'indices s'appelle la multiplication contractée.
L'exemple précédent (3.112) du produit tensoriel de deux vecteurs puis de la
contraction du tenseur (3.113) donnant un produit scalaire, est un exemple de
multiplication contractée des tenseurs
et
d'ordre un.
Considérons les composantes de deux tenseurs, et par exemple.
Leur produit tensoriel donne un nouveau tenseur
d'ordre sept, de composantes :
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(3.122) |
Effectuons une contraction du produit tensoriel sur les indices et , par exemple
; on obtient l'un des produits contractés possibles à partir du tenseur
,
formant un tenseur d'ordre cinq :
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(3.123) |
L'opération de contraction peut être répétée encore deux fois sur ce même
tenseur, aboutissant à un tenseur d'ordre un.
On a vu, jusqu'à présent, deux manières de reconnaître le caractère
tensoriel d'une suite de quantités.
La première consiste à démontrer que ces quantités sont formées par le produit
tensoriel des composantes de vecteurs ou par une somme de produits tensoriels. Ce
critère résulte directement de la définition même des tenseurs.
La deuxième consiste à étudier la manière dont ces quantités se
transforment lors d'un changement de base et à vérifier la conformité des formules
de transformation.
La multiplication contractée va nous permettre d'obtenir un autre critère de
tensorialité qui peut être d'un maniement plus facile et plus rapide que les
précédents. Les démonstrations vont être effectuées sur des exemples mais
elles se généralisent à des tenseurs d'ordre quelconque.
Produit complètement contracté - Considérons la suite des
quantités
, attachées à une base
et cherchons un moyen de déterminer
si elles peuvent constituer les composantes d'un tenseur.
Soit d'autre part, des vecteurs
,
,
. Si la suite
est
tensorielle, alors le produit contracté :
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(3.124) |
constitue une quantité scalaire, invariante par changement de base, selon les
propriétés du produit contracté.
Réciproquement, supposons qu'un tel produit soit un scalaire et démontrons alors que
les quantités
qui figurent dans ce produit, sont tensorielles. Appelons
respectivement , et , les composantes des vecteurs
,
et
dans une nouvelle base
telle que :
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(3.125) |
Les composantes du tenseur sont notées dans la nouvelle base
.
Écrivons que le produit (3.124) est un scalaire indépendant de la base, soit,
en tenant compte des formules de changement de base des composantes :
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(3.126) |
Puisque le choix des vecteurs
,
et
est arbitraire, cette dernière
égalité doit être assurée quelles que soient les quantités ,
et , ce qui implique :
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(3.127) |
ce qui montre le caractère tensoriel des quantités
.
En généralisant, on aboutit à la conclusion suivante : pour qu'un
ensemble de quantités, comportant indices supérieurs et indices
inférieurs, soit tensoriel, il faut et il suffit que leur produit complètement
contracté par les composantes covariantes de vecteurs quelconques et les
composantes contravariantes de vecteurs quelconques, soit une quantité qui demeure
invariante par changement de base.
Critère général de tensorialité - Lorsque le produit n'est pas
complètement contracté, on obtient un critère de tensorialité qui généralise
le précédent.
Considérons toujours l'exemple des quantités
et soit le produit
contracté sur l'indice , pour un vecteur
arbitraire :
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(3.128) |
Si
est une suite tensorielle, on a vu que le produit contracté
est tensoriel.
Réciproquement, si est une suite tensorielle, alors la quantité
, étant un produit contracté, est un scalaire, pour des choix
arbitraires des vecteurs
et
. Dans ce cas, la quantité
(égale à
) est un scalaire,
pour des choix arbitraires des vecteurs
,
et
. C'est précisement le
critère de tensorialité des quantités
qui a été démontré
précédemment.
Ce critère de tensorialité est donc le suivant : pour que quantités
, attachées à une base, soient les composantes d'un tenseur, il faut et
il suffit que, quel que soit le tenseur d'ordre un de composantes , les
quantités
soient les composantes d'un tenseur.
Ce critère se généralise à des tenseurs d'ordre quelconque. On peut énoncer de
manière condensée le critère général de tensorialité :
Si un produit contracté d'une quantité
avec tout tenseur arbitraire est
lui-même un tenseur, alors
est aussi un tenseur.
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