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L'étude des phénomènes physiques recourt à leur représentation dans l'espace
de la géométrie classique à trois dimensions ou dans celui de la relativité à quatre
dimensions. Les vecteurs et les tenseurs peuvent en effet être attachés à chacun des points
de l'espace et former des champs de vecteurs et de tenseurs, ce qui nécessite la définition
mathématique d'espaces formés de points ou espaces ponctuels.
De plus, des espaces plus abstraits peuvent être imaginés pour décrire des phénomènes
physiques, ce qui conduit à introduire des espaces ponctuels à un nombre quelconque de
dimensions. C'est le cas, par exemple, de l'espace de phases utilisé en Physique statistique.
La définition précise d'espace ponctuel va être faite à partir de la notion d'espace
vectoriel. Voyons tout d'abord l'exemple de l'espace ponctuel formé par des triplets de nombres
qui est issu directement de l'espace de la géométrie classique.
Espace ponctuel formé de triplets de nombres - Donnons-nous des triplets de
nombres réels notés
,
, etc. Appelons
l'ensemble de tous les éléments etc., formés par des triplets de nombres. À tout
couple de deux éléments de , pris dans cet ordre, on peut faire correspondre
un vecteur
noté
, en définissant celui-ci par un triplet de nombres tel que
, . On a donc
.
Ainsi qu'on l'a déjà vu au chapitre Premier, c'est un élément d'un espace vectoriel
lorsqu'on a défini l'addition et la multiplication par un scalaire sur ces
éléments.
La correspondance que l'on établit ainsi, entre tout couple de deux éléments de
et un vecteur d'un espace vectoriel , vérifie manifestement les propriétés
suivantes :
EP1 :

EP2 : Associativité par rapport à l'addition :

EP3 : Si est un élément arbitraire choisi dans , à tout vecteur
de , il correspond un point et un seul tel que
.
Lorsqu'on a muni l'ensemble de cette loi de correspondance, vérifiant les trois
propriétés précédentes, on dit que l'ensemble des triplets de nombres constitue un espace
ponctuel, noté
. Les éléments de
sont
appelés des points.
Remarque - Formellement, il ne semble pas y avoir de différences entre un point
, défini par un triplet de nombres, et un vecteur
, défini également de la même manière. Pour établir une
distinction entre ces éléments, il faut revenir à la remarque que l'on a faite au chapitre
Premier, lors de la généralisation de la notion de vecteur.
Au départ, on se donne un ensemble d'éléments constitués par des triplets de
nombres. Cet ensemble ne comporte pas a priori de structure ; ses éléments seuls le
définissent.
Rappelons que pour former un espace vectoriel , on définit sur les éléments de
deux lois de composition interne qui constituent la structure du nouvel ensemble
; les éléments de sont alors appelés des vecteurs.
La méthode est analogue pour former l'espace ponctuel
. On définit
sur les couples déléments de une loi de correspondance qui constitue la structure du
nouvel ensemble
; ses éléments sont alors appelés des points.
Cet espace ponctuel
se confond en tant qu'ensemble d'éléments
avec l'ensemble mais il s'en distingue en tant qu'espace ponctuel qui constitue un
ensemble structuré par la loi de correspondance que l'on se donne. De même, les espaces
et
sont distincts par suite de leur structure différente et
on peut établir une distinction entre les éléments de chacun de ces espaces. On dit que
constitue le support des espaces et
.
On peut généraliser à un support quelconque la notion précédente
d'espace ponctuel. Pour cela, on considère un ensemble d'éléments, notés ,
etc., et on suppose qu'à tout couple d'éléments de , pris dans cet ordre,
on puisse faire correspondre un vecteur
, noté
, d'un espace vectoriel ,
à dimensions. Si la correspondance ainsi réalisée vérifie les axiomes EP1, EP2 et EP3
précédents, on dit que l'ensemble muni de cette structure constitue un espace
ponctuel à dimensions que l'on note
. Les éléments de
sont appelés des points.
L'espace vectoriel est appelé l'espace associé à
.
Lorsque l'espace vectoriel associé est un espace pré-euclidien, on dit que
est un espace ponctuel pré-euclidien.
Considérons un point quelconque d'un espace ponctuel pré-euclidien
, et une base
de l'espace vectoriel associé . On
appelle repère de l'espace
l'ensemble du point et de la base
. Ce repère sera noté
; le point est appelé l'origine
du repère.
Coordonnées d'un point - Par définition, les coordonnées d'un point
d'un espace ponctuel pré-euclidien
, par rapport au repère
sont les composantes du vecteur
de l'espace ,
par rapport à la base
.
Soient deux points et de
, définis par leurs coordonnées
et , on a :
,
.
Utilisant les axiomes EP1 et EP2, il vient :
 |
(4.1) |
On en déduit que les composantes du vecteur
, par rapport à la base
, sont les quantités
, différences des coordonnées des
points et .
Changement de repère - Soient
et
deux
repères quelconques de
. Les bases sont liées entre elles par les
relations :
 |
(4.2) |
Cherchons les relations entre les coordonnées d'un point de
par rapport à ces deux repères. Pour cela, exprimons les vecteurs
et
sur chacunes dees bases de :
 |
(4.3) |
ainsi que les vecteurs
et
, soit :
 |
(4.4) |
On a d'autre part :
![\begin{displaymath}\begin{array}[b]{lcl} \mathbf{OM}&=&\mathbf{OO'}+\mathbf{O'M}...
...e_{i}}=(\alpha^{i}+x'^{j}\,A^{i}_{j})\mathbf{e_{i}} \end{array}\end{displaymath}](img1376.gif) |
(4.5) |
Identifiant les composantes par rapport au vecteur
dans les expressions (4.4)
et (4.5), on obtient :
 |
(4.6) |
En exprimant de façon analogue le vecteur
sur la base
, il vient :
 |
(4.7) |
Soit
un espace ponctuel pré-eucliden et et deux points de
cet espace. Par définition, la norme du vecteur
s'appelle la distance des deux points
et . On a :
 |
(4.8) |
Si les deux points et ont respectivement pour coordonnées et , par
rapport à un repère
, la relation (4.1) montre que le vecteur
a pour composantes les quantités
. Le carré de la distance est
donnée par :
 |
(4.9) |
Si le point est infiniment proche du point , ses coordonnées sont notées
et le vecteur
d a pour composantes les quantités
d . Notons la distance entre les points et . La relation (4.9)
donne l'expression du carré de la distance entre ces points sous la forme :
Pour un espace ponctuel euclidien et des vecteurs de base
orthonormés, on a :
et l'expression (4.10) devient alors :
On obtient une expression qui généralise, à dimensions, le carré de la distance
élémentaire, par rapport à un repère cartésien, dans l'espace de la géométrie
classique.
Les vecteurs que l'on utilise en Physique sont généralement des fonctions de une ou
plusieurs variables, celles-ci pouvant être des variables d'espace ou du temps. Lorsqu'en
chaque point d'un espace ponctuel
, on attache un tenseur, défini
par ses composantes par rapport à un repère
, on dira que l'on s'est donné
un champ de tenseurs.
Pour des vecteurs à dimensions, la notion de dérivée d'un vecteur à trois dimensions
se généralise et l'on obtient toutes les formules classiques relatives aux dérivées.
Vecteurs d'un espace vectoriel - Considérons un vecteur
appartenant à
un espace euclidien dont les composantes, sur une base
, sont des
fonctions d'un paramètre quelconque ; on note ce vecteur
et l'on a :
 |
(4.12) |
Par définition, la dérivée du vecteur
est un vecteur noté
dont
les composantes sont les dérivées, par rapport au paramètre , des fonctions
:
 |
(4.13) |
On appelle différentielle de
le vecteur, noté d
, tel que :
d d |
(4.14) |
où est la différentielle du paramètre . La dérivée d'un vecteur peut
donc être notée :
d d .
Les différentes formules de dérivation des vecteurs à trois dimensions relatives à la
somme de vecteurs, au produit d'un vecteur par un scalaire, au produit scalaire de deux vecteurs,
sont aisément transposables aux vecteurs à dimensions.
Si un vecteur
de dépend de plusieurs paramètres indépendants,
, la dérivée partielle du vecteur
par
rapport à la variable , par exemple, est un vecteur, noté
, dont les composantes sont les dérivées partielles des
composantes de
, soit :
 |
(4.15) |
La différentielle du vecteur
s'écrit :
Vecteurs d'un espace vectoriel associé à un espace ponctuel - Considérons
à présent un espace vectoriel associé à un espace ponctuel
. Dans un repère
, tout point de
est associé à un vecteur
de tel que
. Si le vecteur
dépend d'un paramètre et admet une
dérivée
, il en est de même de
.
Montrons que le vecteur dérivé
ne dépend pas du point origine
mais seulement du point considéré. En effet, si est un autre point origine,
on a :
 |
(4.17) |
et puisque le vecteur
est fixe et ne dépend que de , on a
d d , d'òu :
 |
(4.18) |
On peut donc noter la dérivée du vecteur
en mentionnant seulement le point
et l'on écrira :
 |
(4.19) |
La différentielle de
s'écrit alors :
d d .
Si un point de
est associé, par rapport à un repère
, à un vecteur
, les
dérivées partielles de
ne dépendront que du point et l'on écrira, par
exemple :
 |
(4.20) |
Afin d'alléger les expressions des dérivées partielles des fonctions
dépendant de variables, on va utiliser par la suite les notations indicielles
suivantes. Si
est une fonction des variables , on
notera les dérivées partielles sous la forme :
 |
(4.21) |
Les dérivées secondes par rapport aux variables et s'écriront :
 |
(4.22) |
Lorsque
est un vecteur tel que
, dont les composantes
sont des fonctions de variables , soit :
,
les dérivées partielles du vecteur seront notées, en utilisant la convention de
sommation :
 |
(4.23) |
|