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Sciences > Cours de Calcul Tensoriel - Espaces ponctuels - Repère naturel


 
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Sous-sections


Repère naturel

Définitions

Repère cartésien - Tout espace vectoriel pré-euclidien $ E_{n}$ possédant une base orthonormée $ \mathbf{e^{0}_{i}}$, considérons en un point origine $ O$ un repère $ (O,\mathbf{e^{0}_{i}})$ de l'espace ponctuel $ \varepsilon_{n}$. On dira que ce repère est un repère cartésien. On pourra, en particulier, attacher à chaque point $ M$ de $ \varepsilon_{n}$ un repère cartésien $ (M,\mathbf{e^{0}_{i}})$ dont les vecteurs seront identiques en chaque point.

On note $ x^{i}$ les coordonnées des vecteurs $ \mathbf{OM}$ dans un repère cartésien.

Base naturelle - On a vu que les dérivées et les différentielles d'un vecteur $ \mathbf{OM}$ de $ \varepsilon_{n}$ sont indépendants du point $ O$ d'un repère donné. Si $ \varepsilon_{n}$ est rapporté à un système de coordonnées curvilignes $ u^{k}$, on peut donc écrire, en appelant $ \mathbf{e_{k}}$ les vecteurs suivants :

$\displaystyle \mathbf{e_{k}}=\dfrac{\partial\,\mathbf{OM}}{\partial\,u^{k}}=\partial_{k}\,\mathbf{M}$ (4.30)

Soient $ u^{1},u^{2},...,u^{n}$ les coordonnées curvilignes du point $ M$ par rapport à un repère cartésien $ (O,\mathbf{e^{0}_{i}})$. Dans ce repère, on a : $ \mathbf{OM}=x^{i}\,\mathbf{e^{0}_{i}}$, où les coordonnées cartésiennes sont des fonctions $ x^{i}=x^{i}(u^{1},u^{2},...,u^{n})$. Le vecteur $ \mathbf{e_{k}}$ défini par  (4.30) a pour expression :

$\displaystyle \mathbf{e_{k}}=\partial_{k}\,(x^{i}\,\mathbf{e^{0}_{i}})=(\partial_{k}\,x^{i})\,\mathbf{e^{0}_{i}}$ (4.31)

À partir des composantes $ \partial_{k}\,x^{i}$ du vecteur $ \mathbf{e_{k}}$, on peut former un déterminant $ D(\partial_{k}\,x^{i})$ qui est précisément le jacobien (4.29) des fonctions $ x^{i}$. Puisque ce déterminant est différent de zéro, il en résulte que les $ n$ vecteurs $ \mathbf{e_{k}}$ sont linéairement indépendants.

Ces $ n$ vecteurs, définis par la relation (4.30) sont appelés la base naturelle au point $ M$ de l'espace vectoriel associé $ E_{n}$. Ils sont colinéaires aux tangentes des $ n$ lignes coordonnées qui se coupent en point $ M$ où ils sont définis.

Repère naturel - Associons au point $ M$ de $ \varepsilon_{n}$ un repère formé par le point $ M$ et par les vecteurs de la base naturelle. Ce repère est appelé le repère naturel en $ M$ du système de coordonnées $ u^{k}$ ; il sera noté $ (M,\mathbf{e_{k}})$ ou $ (M,\partial_{k}\,\mathbf{M})$.

La différentielle du vecteur $ \mathbf{OM}$ s'exprime sous la forme :

d$\displaystyle \,\mathbf{M}=\partial_{k}\,\mathbf{M}\,$d$\displaystyle \,u^{k}=\mathbf{e_{k}}\,$d$\displaystyle \,u^{k}$ (4.32)

Les quantités d$ \,u^{k}$ constituent donc les composantes contravariantes du vecteur d $ \mathbf{M}$ dans le repère naturel $ (M,\mathbf{e_{k}})$ du système de coordonnées $ u^{k}$.

Repère naturel en coordonnées sphériques

Déterminons la base naturelle de l'espace vectoriel $ E_{3}$ associé à l'espace ponctuel $ \varepsilon_{3}$ de la géométrie ordinaire, en coordonnées sphériques. Écrivons l'expression des vecteurs $ \mathbf{OM}$ dans un repère fixe cartésien $ (O,\mathbf{e^{0}_{i}})$ :

$\displaystyle \mathbf{OM}=x^{i}\,\mathbf{e^{0}_{i}}=r\,$sin$\displaystyle \,\theta\,$cos$\displaystyle \,\varphi\,\mathbf{e^{0}_{1}}+r\,$sin$\displaystyle \,\theta\,$sin$\displaystyle \,\varphi\,\mathbf{e^{0}_{2}}+r\,$cos$\displaystyle \,\theta\,\mathbf{e^{0}_{3}}$ (4.33)

Les vecteurs $ \mathbf{e^{0}_{i}}$ étant fixes, le vecteur $ \mathbf{e_{1}}$ de la base naturelle s'écrit :

$\displaystyle \mathbf{e_{1}}=\partial_{1}\,\mathbf{M}=$sin$\displaystyle \,\theta\,$cos$\displaystyle \,\varphi\,\mathbf{e^{0}_{1}}+$sin$\displaystyle \,\theta\,$sin$\displaystyle \,\varphi\,\mathbf{e^{0}_{2}}+$cos$\displaystyle \,\theta\,\mathbf{e^{0}_{3}}$ (4.34)

Le vecteur $ \mathbf{e_{1}}$ est porté par la droite $ (OM)$ et dirigé dans le sens des $ r$ croissants. La dérivée de $ \mathbf{OM}$ par rapport à $ \theta$ donne le vecteur $ \mathbf{e_{2}}$ :

$\displaystyle \mathbf{e_{2}}=\partial_{2}\,\mathbf{M}=r\,$cos$\displaystyle \,\theta\,$cos$\displaystyle \,\varphi\,\mathbf{e^{0}_{1}}+r\,$cos$\displaystyle \,\theta\,$sin$\displaystyle \,\varphi\,\mathbf{e^{0}_{2}}-r\,$sin$\displaystyle \,\theta\,\mathbf{e^{0}_{3}}$ (4.35)

C'est un vecteur tangent à un grand cercle centré sur l'origine $ O$ et dirigé dans le sens croissant de la coordonnée $ \theta$. La dérivée par rapport à $ \varphi$ donne le vecteur $ \mathbf{e_{3}}$ :

$\displaystyle \mathbf{e_{3}}=\partial_{3}\,\mathbf{M}=-r\,$sin$\displaystyle \,\theta\,$sin$\displaystyle \,\varphi\,\mathbf{e^{0}_{1}}+r\,$sin$\displaystyle \,\theta\,$cos$\displaystyle \,\varphi\,\mathbf{e^{0}_{2}}$ (4.36)

C'est un vecteur tangent à un cercle parallèle au plan $ x^{1}O x^{2}$, centré sur l'axe $ Ox^{3}$, et dirigé dans le sens des valeurs croissantes de $ \varphi$.

Ces trois vecteurs sont orthogonaux entre eux ainsi qu'on le vérifie aisément en effectuant les produits scalaires $ \mathbf{e_{i}}\,\cdot\,\mathbf{e_{j}}$. Lorsqu'il en est ainsi, on dit que les coordonnées sont des coordonnées curvilignes orthogonales.

Ces vecteurs ne sont pas tous normés, puisque l'on a :

$\displaystyle g_{11}=\mathbf{e_{1}}\,\cdot\,\mathbf{e_{1}}=1;\,\,\,g_{22}=\math...
...\mathbf{e_{2}}=r^{2};\,\,\,g_{33}=\mathbf{e_{3}}\,\cdot\,\mathbf{e_{3}}=r^{2}\,$sin$\displaystyle ^{2}\,\theta$ (4.37)

Le repère naturel, en coordonnées sphériques, est donc formé par des vecteurs variables en direction et en module en chaque point $ M$. Les quantités $ g_{ij}$ constituent un exemple de tenseur attaché à chacun des points $ M$ de l'espace $ \varepsilon_{3}$.

Changement de coordonnées curvilignes

Considérons deux systèmes quelconques de coordonnées curvilignes $ u^{i}$ et $ u'^{k}$, liées entre elles par les relations :

$\displaystyle u^{i}=u^{i}\,(u'^{1},u'^{2},...,u'^{n})\,\,\,\,;\,\,\,\,u'^{k}=u'^{k}\,(u^{1},u^{2},...,u^{n})$ (4.38)

où les fonctions $ u^{i}\,(u'^{1},u'^{2},...,u'^{n})$ sont supposées être plusieurs fois continuement dérivables par rapport aux $ u'^{k}$ et de même pour les fonctions $ u'^{k}\,(u^{1},u^{2},...,u^{n})$ par rapport aux coordonnées $ u^{i}$. Lorsqu'on passe d'un système de coordonnées à un autre, on dit que l'on effectue un changement de coordonnées curvilignes.

Les coordonnées $ x^{j}$ par rapport à un repère fixe, sont liées également à chaque système de coordonnées curvilignes et l'on suppose que les jacobiens $ D(\partial\,x^{j}/\partial\,u^{i})$ et $ D(\partial\,x^{j}/\partial\,u'^{k})$ sont différents de zéro. Dans ce cas, le jacobien $ D(\partial\,u^{i}/\partial\,u'^{k})$ est également non nul puisqu'on a la relation classique :

$\displaystyle D\bigg(\dfrac{\partial\,x^{j}}{\partial\,u^{i}}\bigg)\,D\bigg(\df...
...{\partial\,u'^{k}}\bigg)=D\bigg(\dfrac{\partial\,x^{j}}{\partial\,u'^{k}}\bigg)$ (4.39)

Changement de base naturelle - À chaque système de coordonnées curvilignes $ u^{i}$ et $ u'^{k}$ données par (4.38) est associé respectivement une base naturelle telle que :

$\displaystyle \mathbf{e_{k}}=\dfrac{\partial\,\mathbf{M}}{\partial\,u^{i}}\,\,\,;\,\,\,\mathbf{e'_{k}}=\dfrac{\partial\,\mathbf{M}}{\partial\,u'^{k}}$ (4.40)

Le calcul des relations entre les vecteurs de ces deux bases s'effectue en utilisant la formule de dérivation des fonctions composées, soit :

$\displaystyle \mathbf{e'_{k}}=\dfrac{\partial\,\mathbf{M}}{\partial\,u'^{k}}=\d...
...i}}{\partial\,u'^{k}}=\mathbf{e_{i}}\,\dfrac{\partial\,u^{i}}{\partial\,u'^{k}}$ (4.41)

Inversement, le développement de la dérivée $ \dfrac{\partial\,\mathbf{M}}{\partial\,u^{i}}$ conduit à la relation :

$\displaystyle \mathbf{e_{i}}=\dfrac{\partial\,u'^{k}}{\partial\,u^{i}}\,\mathbf{e'_{k}}$ (4.42)

Lorsqu'on passe d'un système de coordonnées curvilignes à un autre, on substitue à la base $ (\mathbf{e_{i}})$ de l'espace vectoriel $ E_{n}$, une autre base $ (\mathbf{e'_{k}})$ de ce même espace vectoriel. Les relations de changement de base d'un espace vectoriel ont été utilisées précédemment en Algèbre et écrites sous la forme des relations  (1.33) et (1.34), à savoir :

$\displaystyle (a)\,\,\,\,\mathbf{e_{i}}=A'^{k}_{i}\,\mathbf{e'_{k}}\,\,\,\,;\,\,\,\,(b)\,\,\,\,\mathbf{e'_{k}}=A^{i}_{k}\,\mathbf{e_{i}}$ (4.43)

Comparant les expressions (4.41) et (4.42) à la relation (4.43) et identifiant les coefficients des mêmes vecteurs de base, il vient :

$\displaystyle (a)\,\,\,\,A'^{k}_{i}=\dfrac{\partial\,u'^{k}}{\partial\,u^{i}}\,\,\,\,;\,\,\,\,(b)\,\,\,\,A^{i}_{k}=\dfrac{\partial\,u^{i}}{\partial\,u'^{k}}$ (4.44)

En conclusion, à tout système de coordonnées curvilignes $ u^{i}$ et $ u'^{k}$ sont associés respectivement, en un même point $ M$ de $ \varepsilon_{n}$, des repères naturels $ (M,\mathbf{e_{i}})$ et $ (M,\mathbf{e'_{k}})$ dont les bases naturelles sont liées par les relations (4.41) et (4.42). À tout changement de coordonnées curvilignes correspond un changement de base donné par les formules  (4.43) et (4.44).

Notation - La notation abrégée (4.21) des dérivées partielles permet d'écrire les formules de changement de base sous la forme :

$\displaystyle (a)\,\,\,\,A'^{k}_{i}=\partial_{i}\,u'^{k}\,\,\,\,;\,\,\,\,(b)\,\,\,\,A^{i}_{k}=\partial_{k}\,u^{i}$ (4.45)

Élément linéaire d'un espace ponctuel

On a vu que le carré de la distance d$ \,s^{2}$ entre deux points $ M$ et $ M'$ infiniment proches est donnée par la relation (4.10), à savoir :

d$\displaystyle \,s^{2}=g_{ij}\,$d$\displaystyle \,x^{i}\,$d$\displaystyle \,x^{j}$ (4.46)

où les $ dx^{i}$ sont les composantes du vecteur d$ \,\mathbf{M}=\mathbf{MM'}$, rapportées à un repère fixe d'un espace ponctuel $ \varepsilon_{n}$. Lorsque cet espace est rapporté à un système de coordonnées curvilignes $ u^{i}$, la relation (4.32) montre que le vecteur d$ \,\mathbf{M}$ a pour composantes contravariantes les quantités d$ \,u^{i}$ par rapport au repère naturel $ (M,\mathbf{e_{i}})$.

Le carré de la distance d$ \,s^{2}$ s'écrit alors dans le repère naturel :

d$\displaystyle \,s^{2}=g_{ij}\,$d$\displaystyle \,u^{i}\,$d$\displaystyle \,u^{j}$ (4.47)

où les quantités $ g_{ij}=\mathbf{e_{i}}\,\cdot\,\mathbf{e_{j}}$ sont les composantes du tenseur fondamental ou tenseur métrique définies à l'aide d'une base naturelle. L'expression (4.47) s'appelle l'élément linéaire de l'espace ponctuel $ \varepsilon_{n}$ ou encore la métrique de cet espace.

Les vecteurs $ \mathbf{e_{i}}$ du repère naturel varient en général d'un point à un autre. C'est le cas, par exemple, des coordonnées sphériques dont les quantités $ g_{ij}$ sont données par la relation (4.37). La métrique de l'espace $ \varepsilon_{3}$, en coordonnées sphériques, est donnée par :

d$\displaystyle \,s^{2}=$d$\displaystyle \,r^{2}+r^{2}\,$d$\displaystyle \,\theta^{2}+r^{2}\,$sin$\displaystyle ^{2}\theta\,$d$\displaystyle \,\varphi^{2}$ (4.48)

Une courbe $ \Gamma$ de $ \varepsilon_{n}$ peut être définie par la donnée des coordonnées curvilignes $ u^{i}(\alpha)$ du lieu des points $ M(\alpha)$ en fonction du paramètre $ \alpha$. La distance élémentaire $ ds$ sur cette courbe $ \Gamma$ s'écrit alors :

d$\displaystyle \,s=\bigg[g_{ij}\,\dfrac{\partial\,u^{i}}{\partial\,\alpha}\,\dfrac{\partial\,u^{j}}{\partial\,\alpha}\bigg]^{1/2}\,d\alpha$ (4.49)

Lorsque $ \alpha$ varie dans un intervalle $ [\alpha_{1},\alpha_{2}]$ le point $ M$ parcourt un arc de courbe, allant d'un point $ M_{1}$ à un point $ M_{2}$. La longueur de l'arc $ M_{1}M_{2}$ est donnée par l'intégrale :

$\displaystyle \textrm{arc}\,M_{1}M_{2}=\mathlarger{\int}_{\alpha_{1}}^{\alpha_{...
...artial\,\alpha}\,\dfrac{\partial\,u^{j}}{\partial\,\alpha}\bigg]^{1/2}\,d\alpha$ (4.50)

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