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Une métrique euclidienne osculatrice au point
à la
métrique riemannienne (6.22), est la métrique définie par l'élément linéaire euclidien :
tel que ses coefficients
, ainsi que leurs dérivées partielles du premier ordre, aient
en les mêmes valeurs numériques que celles de l'élément linéaire riemannien donné :
d d d .
Montrons qu'il existe des métriques euclidiennes osculatrices en déterminant des valeurs telles que,
en , on ait :
 |
(6.37) |
Pour cela, considérons l'espace euclidien
rapporté à un repère naturel
cartésien
où les vecteurs
sont définis par les valeurs numériques en
des coefficients c'est-à-dire tels que l'on ait :
 |
(6.38) |
D'autre part, cherchons un système de coordonnées de l'espace euclidien qui permet de
vérifier les relations (6.37). Cela est possible de multiple façons ; prenons par exemple la
relation suivante entre les coordonnées cartésiennes et les coordonnées de surface
:
 |
(6.39) |
où les
sont calculés à partir des en utilisant les formules
(5.39); on note
leur valeur numérique en
. Soit
un point quelconque de
, de coordonnées , on a alors la relation
suivante en
:
 |
(6.40) |
Par suite du choix fait sur les vecteurs
par la relation (6.38) et en tenant compte de
la métrique (1.40), on a :
 |
(6.41) |
D'autre part, la relation (5.32) s'écrit pour un espace euclidien de coordonnées quelconques
:
 |
(6.42) |
En particulier, pour les coordonnées définies par la relation (6.39), on obtient pour
:
 |
(6.43) |
où les dérivations sont faites par rapport aux variables .
Définissons également des symboles de Christoffel notés
directement à
partir des quantités
, à l'aide des formules (5.39) ; on a également en
:
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(6.44) |
Les relations (6.43) et (6.44) étant égales, on obtient l'égalité suivante pour les
symboles de Christoffel de seconde espèce, en
:
 |
(6.45) |
De cette dernière égalité résulte l'égalité des symboles de Christoffel de première espèce
en
. La relation (5.35), nous donne finalement :
 |
(6.46) |
Par suite, l'élément linéaire (6.36) de l'espace euclidien, rapporté à ce système de
coordonnées curvilignes , jouit de la propriété que, pour
, ses
coefficients et leurs dérivées partielles du premier ordre ont les mêmes valeurs numériques que
celles de l'élément linéaire de l'espace riemannien donné.
Les métriques euclidiennes osculatrices, pour une métrique riemannienne donnée, sont
indépendantes du choix des coordonnées. En effet, pour un changement de variables donné, les
nouvelles valeurs numériques des et de leurs dérivées partielles du premier ordre sont
connues dès que l'on connait les anciennes valeurs numériques de ces mêmes quantités.
Comme on l'a fait remarquer précédemment pour l'espace euclidien tangent, au lieu de parler
de métrique euclidienne osculatrice, on peut parler d'espace euclidien osculateur.
Les propriétés géométriques de l'espace euclidien osculateur seront des propriétés
géométriques intrinsèques de l'espace de Riemann. Nous allons ainsi pouvoir définir la
différentielle absolue des vecteurs et des tenseurs dans un espace de Riemann.
Exemple d'espace euclidien osculateur en un point - On a vu qu'une surface , plongée
dans l'espace à trois dimensions, peut être regardée comme un espace riemannien à deux
dimensions. Considérons un point de la surface et projetons orthogonalement les points de la
surface sur le plan tangent en . On obtient ainsi une représentation particulière de sur un
plan euclidien et l'on va voir que la métrique du plan est osculatrice à celle de la surface.
Pour cela, plaçons le point à l'origine des coordonnées et choisissons des axes
rectangulaires tels que tels que le plan , soit le plan tangent à la surface en . L'élément
linéaire du plan est donné par :
Celui de la surface, défini par , s'exprime en fonction des dérivées partielles du
premier ordre de la fonction . C'est un cas particulier de l'expression (6.5) avec
, ,
.
Notons
,
, on a pour l'élément linéaire de la
surface :
À l'origine des coordonnées, c'est-à-dire au point , on a : . Par suite, les coefficients
des deux éléments linéaires sont égaux, ainsi que les dérivées partielles du premier ordre de
ces coefficients. On a donc ici une interprétation concrète de l'espace euclidien osculateur en un
point ; c'est, dans le cas présent, le plan tangent en à la surface .
Champ de tenseurs d'un espace riemannien - Nous allons étendre aux espaces de Riemann
les notions d'analyse tensorielle euclidienne relative aux tenseurs attachés à deux points infiniment
voisins. Avant cela, définissons la notion de champ de tenseurs sur un espace de Riemann.
Pour cela, en chaque point d'un espace de Riemann
, faisons correspondre dans
l'espace euclidien osculateur un repère
compatible avec avec la métrique
riemannienne en ce point. Cela permet de se donner les composantes d'un tenseur par rapport à ce
repère. La donnée de ces composantes en chaque point correspondant de l'espace de Riemann
constitue la donnée du champ de tenseurs.
Ainsi, par exemple, les du tenseur fondamental d'un espace de Riemann, donnés en chaque point
, constituent les composantes covariantes d'un champ de tenseurs.
Différentielle absolue d'un vecteur - Considérons un champ de vecteurs
attaché au point d'un espace de Riemann. Ces vecteurs ont pour différentielle absolue de
leurs composantes contravariantes , dans l'espace euclidien osculateur, par rapport au repère
naturel en :
avec
d . Les symboles de Christoffel
sont ceux de l'espace euclidien osculateur et ils sont égaux aux valeurs des
symboles de Christoffel
calculés à partir de la métrique riemannienne,
en
.
On est ainsi conduit à l'extension de la notion de différentielle absolue à un espace quelconque de
Riemann. Par définition, pour un vecteur
d'un espace riemannien, la différentielle absolue a
pour composantes contravariantes :
Si le champ de vecteurs
est donné par ses composantes covariantes, sa différentielle absolue a
pour composantes covariantes :
D d |
(6.51) |
Dérivée covariante - On généralise de même aux espaces de Riemann la notion de
dérivée covariante d'un vecteur dont les quantités :
 |
(6.52) |
sont les composantes covariantes du tenseur dérivée covariante, en fonction des composantes
contravariantes du vecteur
.
De même, on a les composantes de la dérivée covariante, en fonction des composantes covariantes
du vecteur
sous la forme :
 |
(6.53) |
Les formules donnant la différentielle absolue et la dérivée covariante des tenseurs euclidiens
sont généralisées de la même façon aux tenseurs riemanniens.
Définitions - Deux vecteurs d'origines infiniment voisines et sont dits
équipollents s'ils sont équipollents dans l'espace euclidien osculateur en .
Dans l'espace euclidien, les vecteurs étant parallèles, de même sens et de même longueur, leur
différence géométrique est nulle. Par suite, dans l'espace de Riemann, la différentielle absolue
du vecteur situé en est nulle. Les conditions d'équipollence d'un vecteur
de composantes
contravariantes sont donc :
D D |
(6.54) |
Transporter par équipollence un vecteur
d'origine en un point infiniment voisin ,
c'est construire le vecteur
, d'origine , équipollent à
. On dira encore que l'on
effectue un transport parallèle.
Exemple - En géométrie euclidienne, la notion de parallélisme de deux vecteurs peut
être définie en considérant l'angle que font ces vecteurs par rapport à une même droite. Si
leur direction fait un même angle avec une même droite, deux vecteurs sont parallèles au
sens euclidien du terme.
Voyons ce qu'il en est pour un espace de Riemann. Considérons, par exemple, une sphère sont un grand
cercle passe par deux points et (Fig. 6.1). Deux vecteurs
et
, localisés
respectivement aux points et , situés dans des plans tangents à la sphère, sont
précisément situés dans l'espace euclidien osculateur à la surface sphèrique en chaque point.
Figure 6.1
![\includegraphics[width=72mm height=72mm]{fig7_1.eps}](img2434.png) |
Si ces deux vecteurs forment un même angle avec les tangentes en et à l'arc de
grand cercle passant par ces deux points, on dira qu'ils sont parallèles sur la sphère. On
aboutit ainsi à la généralisation de la notion de parallélisme sur une surface de Riemann.
Lorsque ces deux vecteurs ont même module, on dira qu'ils sont équipollents.
Les géodésiques constituent, pour les espaces de Riemann, la
généralisation des droites de l'espace euclidien. Par définition, les
géodésiques constituent les extrémales de la longueur des arcs de courbe
joignant deux points déterminés ; leur équation est donnée par la même
relation (5.60) que pour les espaces euclidiens, la démonstration
étant identique puisque seuls les diffèrent.
On peut obtenir l'équation des géodésiques par des considérations
d'ordre cinématique, par analogie avec la mécanique classique. Considérons
dans un espace de Riemann de coordonnées , un point mobile qui se
déplace en fonction d'un paramètre qui représente, par exemple, le
temps. Le vecteur vitesse
du point a pour composantes contravariantes
:
 |
(6.55) |
et les composantes contravariantes du vecteur accélération sont données
par :
 |
(6.56) |
Si le mobile a une accélération constamment nulle, alors sa différentielle
absolue
d est nulle. Par suite, sa vitesse est constamment
équipollente à elle-même. Dans l'espace euclidien, les trajectoires
parcourues par un tel mobile sont des droites. Dans un espace de Riemann, les
trajectoires de ce mobile vont être des courbes appelées les
géodésiques de l'espace riemannien. Les géodésiques constituent donc la
généralisation, en géométrie riemannienne, des droites de l'espace
euclidien. En écrivant dans l'équation (6.56), on obtient
ainsi l'équation des géodésiques.
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