Sous-sections
À chaque point d'un espace ponctuel
, on peut associer un repère naturel
dont les vecteurs
constituent une base de l'espace vectoriel associé .
Réciproquement, démontrons qu'à toute base de , on peut associer une base naturelle de
en choisissant un système de
coordonnées curvilignes convenable. Pour cela, considérons une base quelconque
de et soit
un repère naturel de
correspondant à un système de coordonnées . Les vecteurs
s'écrivent dans le repère
:
. Effectuons un changement de coordonnées tel que :
; il correspond alors aux
nouvelles coordonnées la nouvelle base naturelle telle que :
 |
(5.1) |
En conclusion, l'ensemble des bases naturelles, en un même point de
, est identique à l'ensemble des bases de
l'espace vectoriel associé à
. Par suite, les tenseurs construits sur les vecteurs de base de l'espace vectoriel
vont pouvoir également être définis sur les bases naturelles
de l'espace ponctuel
.
Pour cela, attachons à chaque point de
, un tenseur euclidien défini par ses composantes relatives au repère naturel au
point d'un système de coordonnées . On dira que l'on s'est donné un champ de tenseurs dans ce système de coordonnées curvilignes.
On appellera tenseur au point sur
, tout tenseur sur l'espace vectoriel associé , attaché à un point de
. En particulier un vecteur de est également appelé vecteur sur
.
Si
est une base arbitraire de
, associée à un système de coordonnées et définie en un point
quelconque de
, tout tenseur
sur
peut être explicité à l'aide de cette base. Par exemple, un
tenseur d'ordre trois, s'écrit :
 |
(5.2) |
et l'on dit que les quantités constituent les composantes naturelles du tenseur
au point , en coordonnées définissant les
vecteur
. Si
est un espace ponctuel pré-euclidien,
tous les développements que l'on a vus précédemmment sur les tenseurs
pré-euclidiens s'appliquent aux tenseurs sur l'espace
.
L'étude des champs de tenseurs constitue, pour le physicien, l'essentiel de
l'analyse tensorielle. Le tenseur générique
de ce champ est une fonction du
point et on le note
. Si le tenseur
est une fonction seulement de
, le champ considéré est appelé un champ fixe. Si
est, en outre, une
fonction d'un ou plusieurs paramètres autres que les coordonnées de , on
dit que ce champ est variable et on le note
.
Les différentes opérations algébriques sur les tenseurs
associés à
un même point ne soulèvent pas de difficulté particulière. La dérivée de
par rapport à un seul paramètre conduit à utiliser les
résultats classiques relatifs à la dérivation des vecteurs.
Variation des repères naturels - Une difficulté nouvelle apparaît
lorsqu'on cherche à calculer la dérivée d'un tenseur
par rapport aux
coordonnées curvilignes. En effet, les composantes du tenseur sont définis en chaque
point par rapport à un repère naturel qui varie d'un point à un autre. Par
suite, le calcul de la variation élémentaire
, lorsqu'on passe
d'un point à un point infiniment voisin ne peut se faire que si l'on a recours
à une même base. Pour pouvoir comparer l'un à l'autre les tenseurs
et
, on est amené à étudier comment varie un repère naturel, pour un
système de coordonnées donné, lorsqu'on passe d'un point au point infiniment
voisin .
Pour un système de coordonnées curvilignes donné d'un espace ponctuel
, un problème fondamental de l'analyse tensorielle consiste
donc à déterminer, par rapport au repère naturel
au point , le
repère naturel
au point voisin .
D'une part, le point sera parfaitement défini par rapport à si l'on
détermine le vecteur d
tel que
d
. Pour des coordonnées
curvilignes , la décomposition d'un vecteur élémentaire d
est
donnée par la relation (4.32), soit :
Les quantités
d sont les composantes contravariantes du vecteur d
sur
la base naturelle
.
D'autre part, les vecteurs
vont pouvoir être déterminés en calculant les
variations élémentaires d
des vecteurs
, par rapport au repère
naturel
, lorsqu'on passe de à ; on a alors
d . Le calcul des vecteurs d
reste alors le problème essentiel à résoudre. Nous allons tout d'abord étudier un
exemple de ce type de calcul en coordonnées sphériques.
Comparaison des vecteurs entre eux - Un aspect plus général du
problème étudié ci-dessus est le suivant : pour que comparer deux espaces vectoriels
correspondant à des points différents ait un sens, il faut choisir une règle. Dans
le cas présent des espaces ponctuels, il y en a une qui s'impose naturellement : deux
vecteurs
et
sont dits égaux s'ils se déduisent l'un de
l'autre par une translation dans
.
Après avoir résolu le problème du calcul des variations élémentaires
d
des vecteurs d'un repère naturel, nous verrons que l'étude des
variations élémentaires par translation des vecteurs et des tenseurs nécessite
l'introduction d'un nouveau type de dérivée.
Étudions le problème de la variation du repère naturel en coordonnées
sphériques. Pour cela, reprenons l'expression des vecteurs
de la base
naturelle en coordonnées sphériques, donnés par les relations (4.34) et
(4.36) :
![\begin{displaymath}\begin{array}[b]{l} \mathbf{e_{1}}=\partial_{1}\,\mathbf{M}=\...
...\text{sin}\,\theta\,\text{cos}\,\varphi\,\mathbf{j} \end{array}\end{displaymath}](img1771.gif) |
(5.4) |
avec
,
,
Différentielles des vecteurs de la base naturelle - Les vecteurs de base
,
,
du repère fixe cartésien étant constants
en module et en direction, la différentielle du vecteur
s'écrit :
d cos cos cos sin d sin sin sin cos d |
(5.5) |
On remarque que les termes entre parenthèses représentent respectivement les
vecteurs
et
, d'où :
On calcule de même, en différentiant les vecteurs
et
:
![\begin{displaymath}\begin{array}[b]{l} \text{d}\,\mathbf{e_{2}}=(-r\,\text{d}\,\...
...t{cotan}\,\theta\,\text{d}\,\theta)\,\mathbf{e_{3}} \end{array}\end{displaymath}](img1784.gif) |
(5.7) |
Les différentielles
d sont ainsi décomposés sur la base
naturelle
. Si l'on note les composantes contravariantes du
vecteur
d , celui-ci s'écrit :
d |
(5.8) |
Les composantes des vecteurs
d sont des formes
différentielles (combinaisons linéaires de différentielles). On a, par exemple :
Symboles de Christoffel de deuxième espèce - Si l'on note de manière
générale les coordonnées sphériques, on a :
 |
(5.10) |
Les différentielles des coordonnées sont alors notées :
d d ,
d d ,
d d et les composantes s'écrivent
alors de manière générale :
d |
(5.11) |
où les quantités
sont des fonctions de
qui vont
être explicitement obtenues en identifiant chaque composante . Par exemple,
la composante s'écrit avec les notations de la relation (5.11) :
Identifiant les coefficients des différentielles, il vient :
 |
(5.13) |
En procédant de même avec les neufs composantes , on obtient les vingt sept
termes
. Pour un système de coordonnées curvilignes quelconques, ces
quantités
sont appelés les symboles de Christoffel de
deuxième espèce.
Symboles de deuxième espèce - Pour un espace ponctuel
et un système de coordonnées curvilignes quelconque, la
différentielle
d des vecteurs
de la
base naturelle s'écrit sur cette base :
d d |
(5.14) |
où les symboles de Christoffel de deuxième espèce sont des fonctions des
coordonnées curvilignes .
On vient de voir, sur l'exemple des coordonnées sphériques, qu'un calcul direct
permet, par identification, d'obtenir explicitement les quantités
. On
va voir qu'on peut également obtenir l'expression de ces quantités en fonction des
composantes du tenseur fondamental. Si l'on se donne l'élément linéaire
d'un espace ponctuel, on pourra ainsi déterminer les symboles de Christoffel.
Symboles de première espèce - Le calcul des quantités
en fonction des va nous amener à introduire d'autres symboles
de Christoffel. Pour cela, écrivons les composantes covariantes, notées , des
différentielles d
, soit :
d |
(5.15) |
On remarque que, initialement, l'indice dans la notation correspond à la
-ième composante contravariante du vecteur
d par rapport au vecteur
et que l'on abaisse
cet indice dans l'expression de la composante covariante du vecteur
d sur le vecteur de base
.
Les composantes covariantes sont également des combinaisons linéaires des
différentielles
d que l'on peut écrire sous la forme :
d |
(5.16) |
Les quantités
sont appelées les symboles de Christoffel de
première espèce.
Puisque les composantes covariantes sont liées aux composantes contravariantes par les
relations :
d |
(5.17) |
On obtient l'expression liant les symboles de Christoffel de chaque espèce :
 |
(5.18) |
Inversement, en écrivant l'expression des composantes contravariantes en fonction des
covariantes, on obtient :
 |
(5.19) |
Connaissant les symboles de Christoffel d'une espèce, on peut obtenir ceux de l'autre
espèce par les relations précédentes.
Notation des symboles de Christoffel - Diverses notations sont utilisées
pour reprsenter les symboles de Christoffel. Les plus usuelles sont les suivantes :
Symboles de première espèce :
Symboles de deuxième espèce :
Relation entre symboles de première espèce - Considérons un espace
ponctuel
et soit un élément linéaire
d donné de
cet espace :
Le calcul des symboles de Christoffel s'effectue à partir des
quantités . Partant de la définition de ces quantités :
 |
(5.21) |
on obtient par différentiation de cette dernière relation :
L'expression des différentielles
d nous donne :
d |
(5.23) |
L'expression
représente la composante covariante
du vecteur
d , soit compte tenu des composantes contravariantes en fonction
des symboles de Christoffel :
d |
(5.24) |
Substituant la relation (5.18) dans l'expression (5.24), on obtient :
d |
(5.25) |
La différentielle
d donnée par la relation (5.23) s'écrit alors
compte tenu de (5.25) :
d d |
(5.26) |
D'autre part, la différentielle de la fonction s'écrit également :
d d |
(5.27) |
d'où en identifiant les coefficients des différentielles
d dans ces deux
dernières expressions :
 |
(5.28) |
Puisqu'on a quantités et que varie de 1 à , le
système d'équations donné par la relation (5.28) comporte
équations.
Relation entre les symboles de deuxième espèce - L'intégrabilité
de la différentielle
d d d
nécessite que les dérivées secondes des vecteurs
de l'espace ponctuel
soient indépendantes de l'ordre de dérivation, d'où :
 |
(5.29) |
On a d'autre part l'expression de la différentielle des vecteurs de la base naturelle
sous la forme suivante, compte tenu de (5.14) :
On en déduit l'expression de la dérivée première :
. La dérivée seconde du
vecteur
s'écrit alors :
 |
(5.31) |
On obtient de même :
 |
(5.32) |
Les relations (5.31) et (5.32) devant être égales, il vient en
identifiant les composantes relatives au même vecteur
:
 |
(5.33) |
Compte tenu de l'expression des symboles de Christoffel de première
espèce
et de la relation
(5.33), on obtient les relations entre symboles de première espèce :
 |
(5.34) |
Les symboles de Christoffel de première espèce sont symétriques
par rapport à leurs indices extrêmes et ceux de deuxième espèce le sont
par rapport à leurs indices inférieurs.
Systèmes d'équations - Pour chaque valeur de , la
relation (5.34) donne, par suite de la symétrie des symboles de
Christoffel, équations indépendantes, soit au total
équations. Ajoutées aux
équations
(5.28), on obtient un système de équations algébriques
où les inconnues sont les symboles de Christoffel.
La solution explicite de ces équations s'obtient aisément en utilisant la
relation (5.34) dans l'expression (5.28), ce qui donne :
 |
(5.35) |
puis en effectuant une permutation circulaire sur les indices, on obtient :
 |
(5.36) |
 |
(5.37) |
Effectuons la somme des relations (5.35) et (5.36) et
retranchons l'expression (5.37), il vient :
 |
(5.38) |
C'est l'expression des symboles de Christoffel de première espèce en
fonction des dérivées partielles des composantes du tenseur
fondamental. On obtient ceux de deuxième espèce à partir des relations
(5.19) et (5.38), soit :
 |
(5.39) |
Les expressions (5.38) et (5.39) permettent le calcul
effectif des symboles de Christoffel pour une métrique donnée. Lorsque les
quantités sont données à priori, on peut ainsi étudier les
propriétés de l'espace ponctuel défini par la donnée de cette
métrique, ce qui est le cas des espaces de Riemann.
Les notations utilisées pour les composantes des
vecteurs de base naturelles ainsi que pour les symboles de Christoffel
ne doivent pas inciter à considérer ces quantités comme
les composantes de tenseurs. Nous allons voir en effet qu'un changement de base
ne conduit pas aux formules de transformations des composantes des tenseurs.
Considérons pour cela deux systèmes de coordonnées curvilignes, et
, correspondant à des bases naturelles
et
,
liées entre elles par les relations :
 |
(5.40) |
La différentielle du vecteur
s'écrit :
Écrivons d'autre part l'expression des différentielles des
vecteurs
et
sur chacune des bases naturelles, il vient :
Identifiant les relations (5.41) et (5.42)(a) et substituant les
relations (5.42)(b) et (5.40)(b), on obtient :
Par identification des coefficients d'un même vecteur
, on obtient :
d |
(5.44) |
C'est la formule de transformation des composantes lors d'un
changement de base qui ne correspond pas à celle des composantes d'un tenseur.
En exprimant les quantités qui figurent dans la relation (5.44) en
fonction des symboles de Christoffel, il vient :
On a d'autre part les expressions suivantes des différentielles :
Reportant les expressions (5.46) dans la relation (5.45) et en identifiant les coefficients des différentielles
d , il vient :
 |
(5.47) |
C'est la formule de changement de base des symboles de Christoffel qui diffère par un terme supplémentaire
de celle
des composantes d'un tenseur.
Calculons l'expression des variations élémentaires
d des vecteurs
, réciproques des vecteurs d'une base naturelle
. La relation (1.85) entre vecteurs réciproques :
 |
(5.48) |
nous donne par différentiation :
La relation précédente s'écrit alors en utilisant l'expression
d :
d |
(5.50) |
Les quantités
constituent donc les composantes covariantes du vecteur
d sur la base
. Par suite, ce sont les composantes
contravariantes sur la base réciproque
. On a donc finalement :
d |
(5.51) |
Nous avons dit précédemment que la comparaison de deux vecteurs doit s'effectuer par translation dans
, c'est-à-dire
par déplacement le long d'une droite. Les droites de
vont constituer une généralisation de la notion de droite en géométrie
classique.
Par définition, les droites de
, passant par deux points et , réalisent l'extrémum de la longueur des
différents chemins possibles joignant à . Les droites constituent les géodésiques de l'espace ponctuel
.
Soit une courbe
de l'espace
définie par les équations paramétriques :
 |
(5.52) |
La longueur de la courbe
est donnée par l'intégrale :
 |
(5.53) |
Considérons à présent une autre courbe infiniment voisine
, passant par les deux points et . Nous allons montrer que si
est une géodésique passant par les points et , elle est extrémale de toutes les autres courbes
.
Pour cela, choisissons comme paramètre arbitraire l'abscisse curviligne sur les courbess
. Les équations paramètriques des courbes sont
alors :
 |
(5.54) |
et l'intégrale (5.53) s'écrit avec ce nouveau paramétrage :
 |
(5.55) |
Posons :
d d et notons
le carré de l'intégrande ; dans ces conditions, on a :
 |
(5.56) |
car les sont les cosinus directeurs du vecteur unitaire porté par la tangente à la courbe considérée. Les courbes
qui
permettent de rendre maximale ou minimale l'intégrale (5.55) sont définies par les équations dites d'Euler du calcul des variations qui, dans le
cas présent, se réduisent à :
 |
(5.57) |
La relation (5.56) nous donne pour expression de l'équation d'Euler :
 |
(5.58) |
Après développement des dérivées et utilisation de l'expression des symboles de Christoffel de première espèce, on obtient :
 |
(5.59) |
La multiplication contractée de la relation précédente par nous donne, avec
et
:
 |
(5.60) |
On obtient le système d'équations qui définissent les géodésiques, c'est-à-dire les droites de
. Ces dernières
constituent donc les extrémales de l'intégrale qui mesure la longueur d'un arc de courbe joignant deux points donnés dans
.
|