Sous-sections
Un espace vectoriel pré-euclidien est dit euclidien si sa signature ne comporte que des
signes +.
Dans ce cas, tous les étant strictement positifs, la norme d'un vecteur d'un espace
vectoriel euclidien est un nombre positif ou nul. La racine carrée du carré scalaire d'un vecteur
constitue la norme de
; on a :
 |
(1.59) |
En géométrie classique, la norme représente la longueur d'un vecteur.
Les espaces vectoriels pré-euclidiens dont la signature comporte des signes + et -, sont appelés
des espaces improprement euclidiens ou encore espaces pseudo-euclidiens.
Considérons une base orthogonale
d'un espace vectoriel
euclidien . Divisant chaque vecteur
de cette base par sa norme, on obtient un
vecteur
de norme égale à l'unité :
 |
(1.60) |
On a donc pour ces vecteurs:
. Les vecteurs
sont dits normés ; un système de vecteurs orthogonaux et normés est appelé
un système orthonormé. Comme les vecteurs
constituent une base de , les
vecteurs
en forment une base orthonormée.
Puisque tout espace vectoriel pré-euclidien admet des bases orthogonales, tout espace vectoriel
euclidien admet des bases orthonormées.
Produit scalaire et norme - Le produit scalaire de deux vecteurs
et
,
rapportés à une base orthonormée (
), compte tenu de l'expression (1.46) et des
relations
, devient :
 |
(1.61) |
La norme du vecteur
s'écrit alors :
 |
(1.62) |
On obtient la généralisation à dimensions des formules de la géométrie classique
donnant le produit scalaire et la norme d'un vecteur rapporté à des vecteurs de base orthogonaux
de longueur unité.
Dans une base orthonormée, les composantes du vecteur
s'obtiennent en effectuant le produit
scalaire de
par un vecteur de base
, soit :
 |
(1.63) |
Il n'en est pas de même en général pour une base quelconque.
Pour un espace vectoriel euclidien , rapporté à une base quelconque
, le produit scalaire d'un vecteur
par un vecteur de base
, s'écrit :
 |
(1.64) |
Ces produits scalaires, notés , s'appellent les composantes covariantes, dans la base
, du vecteur
. Ces composantes sont donc définies par :
 |
(1.65) |
Elles seront notées au moyen d'indices inférieurs. Nous verrons par la suite que ces
composantes s'introduisent naturellement pour certains vecteurs de la physique, par exemple le
vecteur gradient. D'autre part, la notion de composante covariante est essentielle pour les
tenseurs.
La relation (1.64) montre que les composantes covariantes sont liées aux composantes
classiques. Pour les distinguer, ces dernières sont appelées les composantes
contravariantes du vecteur
. Les composantes contravariantes sont donc des nombres
tels que :
 |
(1.66) |
Elles seront notées au moyen d'indices supérieurs. L'étude des changements de base
permettra de justifier l'appellation des différentes composantes.
Base quelconque - À titre d'exemple, considérons deux vecteurs
et
de la géométrie
classique ayant des directions quelconques et des longueurs arbitraires (Fig. 1.2). Soit un
vecteur
; la parallèle à la droite portant
et passant par
définit le point tel que :
; de même :
.
Figure 1.2:
Composantes covariantes et contravariantes
|
On a :
 |
(1.67) |
Les nombres et sont les composantes contravariantes du vecteur
. Utilisons
l'expression classique du produit scalaire pour exmprimer les composantes covariantes ; il vient :
Si les vecteurs de base
et
ont des normes égales à l'unité, alors les
projections orthogonales et du point représentent les composantes covariantes de
.
Base orthonormée - Dans une base orthonormée, les composantes covariantes et contravariantes sont identiques puisqu'on
a :
 |
(1.69) |
Il n'en est pas de même pour une base orthogonale quelconque.
Relations entre composantes - La relation (1.64) donne l'expression des composantes covariantes en fonction des composantes
contravariantes, soit :
 |
(1.70) |
Inversement, les composantes contravariantes peuvent être calculées en résolvant, par rapport
aux inconnues , le système de équations ( (1.70)). C'est un système
algébrique dont le déterminant est différent de zéro :
![$\displaystyle g=d\acute{e}t\,[g_{ij}]\neq 0$](img248.gif) |
(1.71) |
ainsi qu'on l'a vu précédemment ( (1.41)). On obtient un système de Cramer qui admet une
solution unique. L'inconnue est égale au quotient de deux déterminants : le
dénominateur est le déterminant , le numérateur est un déterminant qui se
déduit en remplaçant le ème vecteur colonne du déterminant g par le vecteur
colonne du second membre.
Notons le coefficient de développement du terme dans le déterminant
et posons :
 |
(1.72) |
On obtient alors, selon la règle de Cramer :
 |
(1.73) |
Puisque
, on a de même
; ces quantités sont symétriques par
rapport à leurs indices.
La combinaison des composantes covariantes et contravariantes permet d'obtenir des expressions
particulièrement simples du produit scalaire et de la norme dans une base quelconque.
Dans le produit scalaire :
 |
(1.74) |
substituons en effet l'expression (1.70) des composantes covariantes, il vient :
 |
(1.75) |
La norme du vecteur
s'écrit :
 |
(1.76) |
On peut également exprimer le produit scalaire en fonction des seules composantes covariantes. Il
vient, en substituant dans (1.75) l'expression des composantes contravariantes (1.73) :
 |
(1.77) |
d'où l'expression de la norme :
 |
(1.78) |
Considérons deux bases distinctes (
) et (
) d'un espace
vectoriel euclidien, liées entre elles par les relations :
 |
(1.79) |
Soient et les composantes contravariantes d'un vecteur
respectivement dans les bases (
) et (
). On a vu
précédemment les formules de changement de base des composantes données
par les relation (1.37) et (1.38), à savoir :
 |
(1.80) |
On remarque que les relations de transformation des composantes contravariantes
sont le contraire de celles des vecteurs de base, les grandeurs et
s'échangeant, d'où l'appellation de ces composantes.
Soient et les composantes covariantes du vecteur
respectivement sur les bases (
) et (
). Remplaçons les
vecteurs de base, exprimés par les formules (1.79) dans l'expression de
définitions des composantes covariantes, il vient :
 |
(1.81) |
d'où la relation entre composantes covariantes dans chaque base :
 |
(1.82) |
On obtient de même :
 |
(1.83) |
d'où la relation :
 |
(1.84) |
On remarque que les composantes covariantes se transforment comme les
vecteurs de base.
Soit une base quelconque (
) d'un espace vectoriel euclidien .
Par définition, vecteurs
qui vérifient les relations
suivantes :
 |
(1.85) |
sont appelés les vecteurs réciproques des vecteurs
. Ils
seront notés avec des indices supérieurs. Chaque vecteur réciproque
est orthogonal à tous les vecteurs
, sauf pour .
Base réciproque - Montrons que les vecteurs réciproques
d'une base donnée (
) sont linéairement indépendants. Pour cela, il
faut montrer qu'une combinaison linéaire
donne un
vecteur nul,
, si et seulement si chaque
coefficient
est nul.
Soit
un vecteur quelconque de . Multiplions
scalairement par
la combinaison linéaire précédente
, on obtient :
 |
(1.86) |
Cette dernière égalité devant être vérifiée quels que soient les
, il est nécessaire que chaque
soit nul et les vecteurs
sont donc linéairement indépendants.
Le système de vecteurs réciproques forme donc une base appelée la
base réciproque de l'espace vectoriel .
Exemple - Soit trois vecteurs
,
,
formant une base des vecteurs de la géométrie classique. On note
, où le symbole
représente le produit vectoriel. Les vecteurs suivants :
 |
(1.87) |
vérifient les relations (1.85) et constituent le système réciproque
des vecteurs
,
,
. En cristallographie, ce sont les
vecteurs de l'espace de Fourier associé.
Expression des vecteurs réciproques - Exprimons les vecteurs de base
sur la base des vecteurs
réciproques, soit :
 |
(1.88) |
Multiplions scalairement par
, il vient :
 |
(1.89) |
d'où:
 |
(1.90) |
Les équations (1.90) sont analogues aux équations (1.70)
et l'on obtient de même :
 |
(1.91) |
Soit (
) une base réciproque de (
) pour un espace vectoriel
. Un vecteur quelconque de peut être décomposé sur la base
(
) sous la forme générale :
 |
(1.92) |
Multiplions scalairement cette expression par
, on obtient :
 |
(1.93) |
On obtient donc :
 |
(1.94) |
La décomposition précédente du vecteur
montre que les quantités
sont les composantes contravariantes du vecteur
par rapport à
la base réciproque (
).
Considérons à présent la décomposition de
sur la base
(
), soit :
 |
(1.95) |
et multiplions scalairement cette dernière expression par
, il vient
:
 |
(1.96) |
La quantité
représente la composante
covariante de
par rapport à la base (
). Cette composante
covariante
est égale à sa composante
contravariante sur la base (
).
En conclusion, les bases réciproques jouent donc des rôles strictement
symétriques, les composantes contravariantes dans une base devenant
covariantes dans la base réciproque et vice-versa.
Nous avons utilisé précédemment les produits scalaires des vecteurs de
base qui ont été notés :
 |
(1.97) |
Produit scalaire des vecteurs réciproques - Multiplions scalairement la relation (1.91) par un vecteur
, il
vient :
 |
(1.98) |
Pour fixé, les quantités sont les composantes contravariantes
du vecteur
sur la base (
). Leur valeur est obtenue en
effectuant le produit scalaire des vecteurs réciproques, soit :
 |
(1.99) |
Relations entre les produits scalaires des vecteurs réciproques - Soit une base (
) et une nouvelle base (
) que l'on choisit
égale à la base réciproque, soit
. Les formules
de changement de base (1.79) s'écrivent dans le cas présent :
 |
(1.100) |
Les expressions (1.90) et (1.91) des vecteurs réciproques, nous
montre que l'on a dans ce cas :
 |
(1.101) |
Les relations scalaires (1.40) entre les éléments des
matrices de changement de base, nous permettent alors d'écrire :
 |
(1.102) |
Ces équations permettent de calculer les quantités en
fonction des et réciproquement. Si l'on note le produit
scalaire de deux vecteurs réciproques, on a :
 |
(1.103) |
Les relations (1.102) et (1.103) nous donnent alors :
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(1.104) |
Nous allons voir par la suite que les différentes quantités définies par
les produits scalaires des vecteurs de base ou des vecteurs réciproques
constituent les composantes d'un tenseur.
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