Sous-sections
On a vu, dans le cas d'un espace de Riemann à deux dimensions, que le déplacement associé à un cycle élémentaire se réduit à une rotation
autour de l'origine du cycle. Si l'on appelle
d l'aire délimitée par le cycle et
d l'angle de cette rotation, comptée
positivement dans le sens de parcours du cycle, on peut écrire :
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(6.120) |
La quantité est appelée la courbure riemannienne de l'espace de Riemann au point . Pour une sphère, la relation (6.71) montre que la
courbure riemannienne est égale à .
La notion de courbure riemannienne se généralise à un espace de Riemann quelconque à dimensions et s'exprime en fonction du tenseur de
Riemann-Christoffel.
Évaluons les composantes mixtes
du tenseur de rotation infinitésimale :
en fonction des symboles de Christoffel. La quantité
d qui figure dans le membre de droite de l'expression (6.121)
s'écrit :
Un calcul similaire donne l'expression de
d , d'où par soustraction de ces deux quantités :
Par échange des indices de sommation et dans le dernier terme de la relation précédente, on obtient :
D'autre part, les deux derniers termes qui figurent dans l'expression (6.121) nous donnent :
Finalement, l'expression du tenseur de rotation s'écrit :
d |
(6.126) |
Le tenseur de Riemann-Christoffel apparaît dans la relation précédente :
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(6.127) |
d'où l'expression du tenseur de rotattion :
d |
(6.128) |
Les quantités
d et
étant les composantes contravariantes de deux vecteur quelconques et les quantités
,
les composantes mixtes d'un tenseur, il en résulte que les quantités
sont bien les composantes mixtes d'un tenseur d'ordre quatre,
une fois contravariante et trois fois covariantes.
Le déplacement associé à un cycle élémentaire se réduit à une rotation d'un angle
d dans le cas d'un espace de Riemann à deux
dimensions. Cette rotation s'exprime à l'aide du tenseur de rotation
pour un espace de dimension quelconque.
La notion de courbure riemannienne se généralise alors de la manière suivante. Considérons un espace de Riemann de métrique ; en un point
quelconque définissons un ensemble de deux vecteurs
et
, de composantes contravariantes respectives et . Par définition, la
courbure riemannienne en ce point est :
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(6.129) |
La courbure riemannienne dépend non seulement du point où l'on se place mais également de la direction considérée dans l'espace.
Si la courbure riemannienne en un point ne change pas avec l'orientation de la direction en , alors est appelé un point isotrope. On démontre
que la courbure riemannienne, en un point isotrope, est donnée par :
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(6.130) |
On en déduit alors de le théorème de Schur qui montre que si tous les points d'un certain voisinage d'un point sont isotropes, et si la dimension de
l'espace de Riemann est supérieure ou égale à 3, alors la courbure est constante dans ce voisinage de .
Espaces plats - Un espace euclidien pouvant être rapporté à un repère orthonormé, tous les symboles de Christoffel sont alors nuls et
par suite la courbure d'un espace euclidien est nulle. Réciproquement, on démontre que si la courbure riemannienne est nulle en tout point et si la
métrique est définie positive, alors l'espace est euclidien.
Un espace de Riemann est appelé un espace plat si l'on peut trouver une transformation des coordonnées qui permettent de mettre l'élément
linéaire de cet espace sous la forme standard d'un espace pré-euclidien :
Un espace de Riemann est plat si et seulement si sa courbure est nulle en tout point.
Espace à deux dimensions - Nous allons voir que tous les points d'un espace de Riemann à deux dimensions sont isotropes.
L'expression de la courbure donnée par (6.129) se réduit, pour un espace à deux dimensions, à :
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(6.132) |
On a vu en effet que le tenseur de Riemann-Christoffel, pour un espace à deux dimensions, ne comporte qu'une seule composante indépendante non nulle
(relation (6.119)). La courbure est indépendante de la direction et tout point d'un espace à deux dimensions est donc isotrope.
Considérons à présent une surface de l'espace ordinaire et un point sur cette surface. Rapportons celle-ci à trois axes rectangulaires ayant le
point pour origine. L'axe est normal à la surface et les axes et sont des droites de l'espace euclidien osculateur en . Dans ce cas, on
a vu que l'élément linéaire de la surface est donné par la relation (6.48), à savoir :
avec
,
. Notons les dérivées partielles du second ordre, soit
,
,
.
Calculons la courbure de cet espace au point où l'on a . Les quantités sont données par l'élément linéaire (6.133) et
l'on a au point . Le calcul de donne :
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(6.134) |
Si l'on choisit pour axes des et des les tangentes principales en , on obtient, en ce point :
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(6.135) |
où et sont les deux courbures principales. On a donc :
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(6.136) |
Le produit des deux courbures principales est appelée la courbure totale de la surface. Par suite, la courbure riemannienne d'une surface est, en un
point donné, égale à sa courbure totale. C'est Gauss qui, le premier, a démontré que la courbure totale d'une surface ne dépendait que de son
élément linéaire.
La contraction du tenseur de Riemann-Christoffel
par rapport aux indices et conduit au tenseur :
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(6.137) |
Le tenseur est appelé tenseur de Ricci et nous verrons qu'il entre dans les équations de la relativité générale. Ses composantes mixtes
sont données par :
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(6.138) |
On obtient également le tenseur de Ricci ou son opposé, en contractant le tenseur
par rapport aux indices et , ou et
.
Par suite des propriétés de symétrie du tenseur de Riemann-Christoffel, le tenseur de Ricci est symétrique. Pour le démontrer, effectuons une
contraction sur les indices et en utilisant l'expression de
en fonction de ses composantes covariantes et en se servant
de la propriété (6.115) :
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(6.139) |
Les propriétés (6.113) et (6.114) de permutation des indices appliquées au dernier membre de (6.139) nous donnent :
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(6.140) |
Le tenseur de Ricci permet d'obtenir par contraction la courbure de Ricci ou scalaire de courbure, noté :
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(6.141) |
Bianchi a obtenue une première identité (6.118) entre les composantes covariantes du tenseur de Riemann-Christoffel. Une seconde identité
de Bianchi est obtenue par dérivation covariante de
en coordonnées normales. Dans ce système de coordonnées, les symboles de
Christoffel de
sont tous nuls mais pas leurs dérivées :
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(6.142) |
Une permutation circulaire sur les indices , et de la relation (6.142) nous donne :
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(6.143) |
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(6.144) |
L'addition des trois relations précédentes, compte tenu de l'interchangeabilité de l'ordre des dérivations, conduit à :
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(6.145) |
D'après leur forme tensorielle, cette seconde identité de Bianchi est valable dans n'importe quel système de coordonnées et en tout point de l'espace de
Riemann considéré.
Effectuons une première contraction sur l'identité (6.145) pour , il vient :
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(6.146) |
En tenant compte de la définition (6.137) du tenseur de Ricci et de l'égalité
, on obtient :
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(6.147) |
Le changement de variance au moyen des étant permutable avec la dérivation covariante, on a :
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(6.148) |
Multiplions la relation (6.147) par et utilisons la propriété de permutation (6.148), on obtient :
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(6.149) |
Effectuons une seconde contraction par rapport aux indices et , il vient :
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(6.150) |
Après contraction, changeons l'indice de sommation en indice dans le premier terme de l'équation précédente. De plus, avec l'égalité
on obtient :
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(6.151) |
Cette dernière expression peut encore s'écrire sous la forme suivante :
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(6.152) |
L'expression entre parenthèses qui figure dans (6.152) est un tenseur, noté , dont les composantes covariantes sont données par :
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(6.153) |
Le tenseur est appelé tenseur d'Einstein. Par suite de la symétrie du tenseur de Ricci, le tenseur d'Einstein est également symétrique.
Ce tenseur intervient de manière fondamentale dans les équations de la relativité générale. Selon (6.152), il vérifie les identités :
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(6.154) |
Un tenseur qui satisfait identiquement à des relations de la forme (6.154) est appelé un tenseur conservatif.
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